Le grand départ

Quand cela fait plus de 400 jours qu'on voyage, il y a des gestes qui deviennent votre routine. La mienne c'était de faire mon sac. Le geste avait été tellement répété que c'était devenu un automatisme bien réglé, qu'on réalise comme une machine, sans émotion particulière.

Mais quand on fait son sac pour la dernière fois ce n'est pas pareil. Nous sommes le lundi 09 février 2009, il est 10h et je fais une dernière fois mon sac avant de prendre le bus pour Caracas d'où partira demain soir mon avion pour Paris.

Parfois la vie est bien ingrate mais il y a des moments ou elle se ratrappe. Si vous suivez mon blog depuis un moment vous avez du comprendre que je ne porte pas vraiment dans mon coeur les chauffeurs de taxi (désolé pour ceux qui sont honnêtes) qui souvent vous font payer trop cher s'ils ne mettent pas leur compteur et font des détours s'ils le mettent. La j'avais demandé a mon hôtel combien coûte la course de taxi jusqu'à la gare de bus: 3000 pesos. Après avoir interpellé 3 taxis je n'arrive finalement qu'à négocier la course pour 3500, c'est pas si mal étant donné que je porte mon gros sac à dos et que en gros je suis la cible parfaite. De toute façon l'heure tourne et il me faut abdiquer si je ne veux pas rater mon bus. Du temps que je négociai le tarif à la fenêtre du taxi, celui ci ne s'était pas rangé et bloquait la circulation. Et la miracle, un policier se pointe à la fenêtre et le couperet tombe: une amende de 10 000 pesos pour le chauffeur!!! Youhou, sans le vouloir me voilà vengé de tous ces chauffeurs qui m'ont entubé durant cette année! Merci...merci!

Je me suis amusé à prendre en photo tous mes derniers quelque chose. Ma dernière chambre d'hôtel, mon dernier repas, la dernière gare de bus,... ici mon dernier bus!

Après 18h de bus pour me rendre au Vénézuela j'avais perdu le sourire que m'avait procuré cette aventure. Il est 6h du matin et je me trouve au terminal de bus El Oriente a Caracas au Venezuela. Le voyage était sans encombre mais un peu stressant. Il y avait des barrages de police partout et presque toutes les ½ heures depuis notre arrivée au Venezuela un policier montait dans le bus et me demandait mon passeport. Un peu stressant quand on sait que certains policiers ici vous font payer des « taxes spéciales » pour continuer a voyager. Bien sur vous pouvez refuser mais ils font alors une fouille complète de votre sac, avec peut être une fouille corporelle, et si vous n'êtes pas attentif glissent de la drogue dans vos affaires pour ensuite vous proposer soit de passer un peu de temps dans les prisons du pays soit de leur payer une amende bien grasse en liquide. C'est déjà arrivé à d'autres mais heureusement je n'aurais pas connu cette mésaventure. Des fois je me dis que j'ai un bon karma.

La frontière entre Colombie et Vénézuela.

Seule photo d'un paysage au Vénézuela, prise au petit matin depuis la fenêtre de mon bus.

J'aimerai vous parler du Venezuela en bons termes mais malheureusement je n'ai pas vu grand chose. Je n'ai rien pu voir dans mon bus de nuit et de jour j'ai juste eu le temps de faire un petit tour dans Caracas qui est réputée pour ne pas être ce que le pays à de meilleur. Tout ce que j'ai entendu dire sur le pays de la par d'autres voyageurs n'était pas non plus très affriolant: corruption, inflation suite à la chute des cours du pétrole (le pays est le 3ème exportateur mondial et presque toute son économie repose sur cette ressource), violence et... Hugo Chavez! Le pire président d'Amérique du sud. Si ce n'est pas le cas, c'est en tout cas ce que pensent les pays voisins! A son actif il semble beaucoup lutter contre la pauvreté mais c'est homme a beaucoup de détracteurs assez virulents dans et en dehors de son pays. Je ne sais pas trop quoi penser de lui mais en tout cas les avis son contrastés à son sujet! Saviez vous que depuis qu'il est au pouvoir il a fait changer le nom de son pays, la monnaie, l'heure (-30 minutes) et la constitution (pour pouvoir briguer un nouveau mandat)?

J'étais à Caracas juste avant le référendum pour un changement de constitution. Le débat a finalement tourné au pour ou contre que Chavez soit réélu à vie.

Par contre, un sujet sur lequel on peut absolument parler en bon termes du pays c'est au sujet de la gent féminine. Saviez vous que c'est le pays qui a le plus de miss monde et de miss univers? Et bien ce n'est pas volé, dans la rue il y a de quoi attraper un torticolis! ;)

La banlieue de Caracas.

Bon, en même temps si on écoute ce qui se dit sur la Colombie il y a de quoi se faire peur et cela a pourtant été l'une de mes destinations favorites! Il est clair que je voulais m'arrêter au Vénézuela pour voir les tepuis, Salto Angel (la chute d'eau la plus haute du monde), la jungle et la côte caraïbéenne. Le pays a tout cela à offrir et je pense que j'y reviendrai...

Scène de rue à Caracas, au fond les banlieues pauvres s'étirent sur les montagnes.

Mais la c'est trop tard. Je suis à l'aéroport de Caracas. J'ai pas mal d'heures à tuer et c'est le temps de la réflexion. Je vais bientôt prendre un avion qui va mettre un terme a une incroyable année de voyage. Je pensai que je serai submergé par l'émotion mais non. Je me suis finalement pas mal préparé à l'évènement et je pense que je suis également un peu excité à l'idée de rentrer. Ce qui ce passe est tellement énorme qu'il m'est de toute façon difficile de me rendre compte de ce qui se passe. Je suis donc perdu dans mes pensées, dans le hall d'embarquement de cet aéroport à m'interroger sur la vie et à me demander pourquoi tout est si cher dans les aéroports. Je veux bien que ce soit un peu plus cher mais il y a des limites à tout! Je viens de payer 10 euros pour un sandwich, un coca et un biscuit! Je n'aime pas les aéroports... ils sont sûrement gérés par d'anciens chauffeurs de taxis.

Encore une photo d'un dernier quelque chose: mon dernier comptoir d'enregistrement à l'aéroport. Se prendre en photo dans les aéroports doit paraitre louche, je me suis ensuite fait interroger par un policier. "Euh... no entiendo, désolé!"

Mais je n'ai déjà plus la tête à ça. On vient de nous appeler pour commencer l'embarquement de notre vol. Je passe les derniers contrôles, monte dans l'avion, m'assied dans mon siège et patiente encore un peu. Beaucoup de choses se bousculent dans ma tête. Les endroits visités, les choses vues, goûtées, entendues, senties, ressenties,... mais surtout le visage de tous ces gens rencontrés en chemin qui défilent dans le ciel obscur que j'observe a travers le hublot. Je reviens à la réalité, nous décollons. Nous survolons quelques instants la côte et les montagnes saupoudrées de lumières venant des habitations. Elles s'affaiblissent et disparaissent. L'avion s'enfonce dans la nuit.

Je rentre.

Mon dernier avion.

Pour mon dernier vol il est arrivé un truc incroyable! Comme si Dieu voulait que mon voyage se termine en apothéose. Il n'y avait pas grand monde dans l'avion du coup il y avait plein de places libres pour prendre ses aises et le personnel de bord était super détendu. Ils nous ont offert plein de coups à boire gratos. J'ai sympathisé avec d'autres personnes et l'ambiance était tellement bonne qu'on a vidé les réserves d'alcools de l'avion! C'était une véritable fête, tout le monde était bien bourré et les hôtesses se lâchaient carrément! C'est incroyable, toutes les rumeurs qui circulent sur les hôtesses de l'air... et bien c'est vrai!

Non en fait tout ça c'est des blagues sauf la partie sur les sièges libres. Sinon c'était un vol comme les autres: chiant, long, on vous sert à manger quand vous vous endormez et il y a des bébés qui pleurent partout.