Première bonne surprise. Par rapport à l'Amérique du sud où, il faut le reconnaître, c'est parfois un peu le bordel mais c'est ce qui fait son charme, je redoutai un peu de retrouver un monde occidental réglé comme une horloge où tous le monde marcherait au pas derrière un train de règles. Mais le Français reste rebelle dans l'âme et c'est ce qui fait son charme.
Alors que l'avion roule sur le tarmac et que les hôtesses s'époumonent à rappeller qu'il faut encore rester assis et garder son portable éteint tout le monde est en train de se lever pour se préparer à sortir et certains passent déjà des coups de fil. Dans l'aéroport à l'attente des bagages certains fument... Le Français est toujours indiscipliné!
Deuxième bonne surprise, les Français parlent Français. Ça peut vous faire rire mais pour moi, après un an à ne pas comprendre grand chose à ce que disent les gens autour de moi c'est un gros changement. Je peux parler en Français au bureau d'information de l'aéroport et on me répond sans accent dans la même langue, les panneaux sont en Français et je peux comprendre les conversations des gens autour de moi. Quelle douce musique! A Perth en Australie j'avais pris un bus dans lequel un couple de Français, croyant être les seuls à parler la langue de Molière, se racontait à voix haute leur dernière nuit d'amour. C'était très drôle. Ici ça n'arrivera plus malheureusement.
Dans le bus entre l'aéroport d'Orly et le centre de Paris j'observe les panneaux, les bâtiments, les gens, les commerces, les petits drapeaux bleu-blanc-rouge qui flottent au vent, les bouches de métro...ça fait vraiment Paris, la France. J'ai le sourire jusqu'aux oreilles! On dirait un décors de cinéma tellement ça fait Français, on dirait que c'est artificiel!
A peine arrivé dans le centre je cherche une boulangerie et m'achète croissants et « pains au chocolat ». Je garde la même philosophie, j'essaye de parler la langue du pays dans lequel je me trouve. A Paris je dis donc « pain au chocolat » même si dans le sud-ouest on dit plutôt « chocolatine »!
Il fait froid mais le temps est superbe. J'avais un peu peur de me retrouver sous la pluie et de sombrer directement dans la déprime après le soleil des Caraïbes mais non. En tout cas les gens manquent de soleil ici, tout le monde est bien pâle!
Je retrouve mon cousin Thomas qui a gentiment proposé de m'héberger chez lui à 1/2 d'heure de RER de Paris, à Vert Galant, l'une des dernières communes communistes de France. Un grand merci à lui au passage pour m'avoir hébergé et réintroduit à quelques spécialités Françaises que je n'avait pas goûtées depuis longtemps: ricard et armagnac! Mmmmh!
Le lendemain je fais mon gros touriste de base: un petit tour à pied dans la capitale le long de la Seine, entre la tour Eiffel et la cathédrale Notre Dame. On a beau dire, Paris c'est quand même une ville incroyable. La quantité de monuments que l'on peut trouver, les cafés, la beauté et le romantisme que cette ville peut dégager. So French! C'est magnifique. Et puis en ces jours il n'y a que des touristes en ville, tous souriants et heureux d'être ici, ils se prennent en photo devant les monuments, rient et s'amusent.
Bien sur Paris c'est aussi la réalité quotidienne de plein de gens qui travaillent et essayent de gagner difficilement leur vie. Un tour dans le métro et le RER vous permet de voir l'autre facette de la capitale.
Toujours est il que mon passage ici aura était un vrai plaisir et une bonne transition.
En résumé, ce qui saute aux yeux en revenant en France après un long séjour à l'étranger: les gens parlent Français, il y a beaucoup de personnes âgées (bordel qui va payer ma retraite?!), les gens sont un peu indiscipliné, PPDA ne présente plus le 20h de TF1, les gens se font la bise, l'homme moderne occidental passe beaucoup de temps rivé sur son portable, la publicité est partout et c'est vraiment oppressant quand on est plus habitué, les gens aiment bien montrer leur sophistication d'homme moderne (en gros les gens se la pètent mais ça c'est peu être juste Parisien), les claviers d'ordinateurs sont azerty et pas qwerty (on doit être les seuls à utiliser du azerty!).
Et puis c'est la modernité, on ne se rend pas compte a quel point le quotidien est farci de petits gadgets qui nous facilitent la vie. Un exemple: je suis devant une borne SNCF, sur l'écran tactile je commande mon billet de train et je paie avec ma carte de crédit un billet de TGV, le train le plus rapide du monde. En faisant ça je n'ai pu m'empêcher de penser à mon arrivée au Laos. Sans monnaie locale, j'avais du échanger au marché noir mes derniers dongs (monnaie du Vietnam) à des Vietnamiens en exil à un taux plutôt désavantageux et à l'abri des regards dans une ruelle pour ensuite acheter dans une cabane en bois un billet pour monter dans le bus le plus lent et inconfortable du monde. Bon, bien sûr j'avais payé moins cher mais tout de même, je ne peux m'empêcher de penser au sacré fossé qu'il y a entre les pays « développés » (ça dépend pourquoi!) et le reste du monde.
C'est le grand jour, nous sommes le vendredi 13 et je vais prendre le train pour revenir dans mon Béarn natal. Comme on dit « il ne faut pas être superstitieux, ça porte malheur » mais des fois quand même le hasard vous joue des tours... En un an je n'ai jamais raté un bus, un train ou un avion. Ce matin, je vois passer devant mes yeux un RER à la station de Vert Galant et je dois attendre le prochain. Il aura ¼ d'heure de retard! J'avais prévu large, mon train est a 10h10, il me reste encore ¾ d'heure pour arriver à la gare Montparnasse. Si c'est un peu juste je suis toujours dans les temps. Mais voilà, le sort en a décidé autrement. Le RER roule à 2Km/h et s'arrête 10 minutes à chaque stations! Je ne sais pas si c'est la neige ou quoi mais il y a un problème. Certaine personnes dans le wagon parlent d'un incendie dans une station. Il est 9h50 et je suis encore gare du Nord, le train est bloqué à quai, il faut que je prenne une décision. Je pense que ce train est maudit et me rue vers le métro pour prendre la ligne 4 qui m'amènera à la gare Montparnasse. N'importe quel Parisien saurait que c'est peine perdue mais moi il me faut arriver dans la rame pour réaliser qu'il y a une douzaine de stations jusqu'à Montparnasse et que je n'y serai jamais à temps!
Effectivement, j'arrive à 10h30 à Montparnasse. J'ai raté mon train. Je met donc mon plus beau sourire et me dirige vers le guichet. Le type est sympa et j'arrive à changer sans frais mon billet. Je serai tout de même à Dax cet après-midi. Ouf! Léger coup de stress mais tout est bien qui fini bien!
Y'a pas à dire, le TGV c'est quand même tip-top après des semaines à voyager dans des bus de m....!
De la fenêtre du train je commence à voir les dégâts causés par la tempête Klauss dans le sud-ouest de la France. Effectivement ça a du souffler fort: arbres arrachés ou simplement brisés au milieu, toits de maison endommagés, systèmes d'irrigation dans les champs détruits,... le spectacle est choquant et les jours suivants me permettront de découvrir un peu plus l'ampleur des dégâts. Je ne peux que penser à la peur qu'ont du avoir les gens et à ceux qui n'ont toujours pas de téléphone ou d'électricité.
Je descend en gare de Dax et je retrouve ma mère venue me chercher. L'instant est chargé d'émotion et dans les heures ou les jours suivants je retrouverai le reste de ma famille. Il faudra me réaclimater doucement à la vie Française et tourner la dernière page de cette odyssée, pour moi c'est un peu un retour à la « réalité ». Mais j'aborde les choses avec philosophie et compte essayer de continuer a avoir ce regard interessé sur le monde qui m'entoure. Continuer à agir comme un touriste en restant curieux, en m'informant et en essayant de rencontrer des gens de touts horizons. Finalement, on va parfois chercher très loin ce que des gens viennent chercher chez vous.
En tout cas, j'ai décidé de consacrer mes premières activités touristiques ici à redécouvrir tous les plaisirs de la gastronomie Française: foie gras, pain, confit de canard, fromage, vin, pâtisseries,... Le voyage continue!
Bizarrement, ce matin il neigeait à Paris, comme le jour de mon départ du Bhoutan, pour moi réel démarrage de mon tour du monde, et comme le jour de ma naissance. Je trouve que c'est un moyen poétique de commencer et finir ce périple. Je ne verrai plus la neige de la même façon...